Quiconque s’intéresse au marché du cosmétique ces dernières années sait que la Beauty Tech est en train de révolutionner ce secteur.
La technologie et l’IA ont révolutionné tous les secteurs… L’univers du cosmétique est loin d’être une exception. En 2021, le marché de la Beauty Tech est estimé à 52,53 milliards de dollars, mais sa valeur devrait plus que tripler dans les années à venir. Les experts prévoient une croissance dans ce secteur pour atteindre 189,15 milliards de dollars d’ici 2030. Selon les estimations, le secteur de l’AI Beauty (les technologies d’IA dans l’industrie cosmétique) devrait à lui seul atteindre 6,8 milliards de dollars d’ici à 2027.
Une question me vient à l’esprit : pourquoi ? Ce n’est un secret pour personne ! Ces technologies permettent de collecter de grandes quantités de données personnelles. Après tout, il faut bien des données personnelles pour créer des produits personnalisés. Alors, que valent ces produits réellement sur le marché ? Sont-ils vraiment sécurisés ? Quels sont les produits qui intéressent les consommateurs ? Lisez la suite pour en savoir plus sur la Beauty Tech !
La Beauty Tech : une nouvelle ère cosmétique
Il est vrai que le secteur cosmétique est en pleine transformation. Il fut un temps où les marques n’avaient besoin que de jolis emballages, de parfums originaux et de prix abordables pour pouvoir glisser les produits de beauté dans les paniers des consommateurs. Aujourd’hui, tout évolue !
Ce que les consommateurs cherchent et la façon dont ils le font ont radicalement changé. Avant la pandémie de Covid, 85 % des consommateurs achetaient des produits de beauté en magasin. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de tester de nouveaux produits sur place ni de se déplacer physiquement pour les acheter. Entre mars 2020 et février 2022, les consommateurs ont dépensé environ 1,7 milliard de dollars pour acheter des produits en ligne, ce qui a dynamisé l’industrie cosmétique. Cette croissance se poursuit : entre 2021 et 2026, le e-commerce dans le secteur de la santé et de la beauté devrait augmenter de 77 %.
Non seulement le Covid a obligé les clients à faire leurs achats en ligne, mais il a également incité les marques à repenser la manière dont elles commercialisent leurs produits. Mais comment permettre à un client de voir, de sentir et de tester un produit depuis le confort de sa maison ? La réponse est simple : en mettant en place des technologies d’essai virtuel, des questionnaires personnalisés et des filtres IA, bien sûr ! Grâce à une expérience plus personnalisée, les clients pourraient explorer des produits qui correspondent exactement à leurs besoins.
Globalement, les consommateurs sont devenus beaucoup plus soucieux de leur santé et souhaitent prendre davantage soin d’eux-mêmes tout en œuvrant pour la protection de l’environnement. Ils veulent savoir ce qui est bon pour eux, pour leur corps et pour leurs besoins en matière de beauté. Bref, ils veulent exactement ce dont leur corps a besoin. Des études récentes révèlent que 71 % des consommateurs ressentent de la frustration lorsque leur expérience d’achat n’est pas personnalisée. De même, plus de 40 % des consommateurs envisagent d’utiliser des assistants vocaux pour obtenir des recommandations personnalisées de produits de beauté. Il est évident que cela a contribué à révolutionner le secteur de la Beauty Tech et de l’IA. Les acheteurs ne souhaitent plus parcourir longuement toute une gamme de produits ; ils veulent simplement voir les produits qui leur conviennent et qui correspondent à leurs goûts. L’IA pousse les grandes marques à proposer des produits adaptés aux besoins spécifiques de leurs clients, et celles qui ne le font pas risquent de perdre du terrain.
Prenons par exemple le cas des soins personnalisés de la peau. The Ordinary, une grande marque cosmétique, a mis en place un programme de soins en ligne (Skincare Regimen Builder), un quiz auquel les consommateurs peuvent répondre pour trouver les produits adaptés à leur grain de peau. Il comporte une série de questions sur les préoccupations des clients, leur âge, leurs produits de beauté préférés, la qualité de leur peau et sa texture, etc.
Après quatre minutes seulement, vous obtiendrez vos propres programmes de soins personnalisés pour le matin et le soir. Vous pouvez également acheter les produits recommandés sur le site internet. Est-ce une idée de génie ? Oui, et ça fonctionne : 75 % des consommateurs affirment être davantage enclins à acheter des produits s’ils font l’objet d’une recommandation personnalisée, selon des études récentes. De plus, nous sommes davantage prêts à mettre la main à la poche et à dépenser un peu plus pour des recommandations adaptées à nos besoins personnels : 77 % des consommateurs ont choisi, recommandé ou payé davantage pour une marque qui leur a offert une expérience personnalisée.
Il semble que les entreprises s’invitent plus que jamais dans la vie personnelle de leurs clients. 29 % des consommateurs admettent qu’ils laisseraient les marques cosmétiques analyser leur humeur et leurs préférences pour une expérience d’achat personnalisée. Au delà d’obtenir des produits cosmétiques adaptés à votre peau, se pose la question de l’ atteinte à votre vie privée. Votre marque de soins préférée a-t-elle vraiment besoin de savoir si vous avez passé une mauvaise journée ? Qu’en est-il de leurs filiales et autres tiers susceptibles de recevoir vos informations personnelles ?
Lorsque l’on voit la quantité de données que ces technologies de beauté recueillent sur vous, leur utilité semble moins évidente. La confidentialité en ligne demeure un enjeu majeur pour tout internaute. Il n’existe pas de solution miracle. Bien sûr, vous pouvez opter pour un VPN essai gratuit pour préserver votre confidentialité, mais si vous partagez délibérément vos données personnelles avec ces marques, que ce soit par le biais de questionnaires en ligne ou de filtres virtuels, ces dernières peuvent toujours y accéder et les conserver, que vous utilisiez un VPN ou non.
Est-il vraiment raisonnable de compromettre votre sécurité et votre confidentialité en ligne pour utiliser toute nouvelle technologie ? La réponse est loin d’être évidente. La Beauty Tech est désormais partout… Même Alexa peut vous aider à chercher vos produits de beauté préférés sans sortir de votre lit !
Le Machine Learning dans l’industrie cosmétique
La Beauty Tech est en grande partie fondée sur le try-before-you-buy (essayer avant d’acheter). Les consommateurs ont généralement la possibilité de voir et de vérifier les produits avant de les acheter. Il s’agit d’une toute nouvelle expérience d’achat. Les marques de produits cosmétiques peuvent alors comprendre et résoudre les problèmes de leurs clients en leur fournissant exactement ce dont ils ont besoin. Les clients sont donc plus confiants dans leurs décisions d’achat et plus motivés en conséquence.
Les avantages de la Beauty Tech ne sont plus à démontrer. MAC, une grande marque de maquillage, a vu l’engagement de ses clients augmenter de 200 % en mettant à leur disposition un système d’essai virtuel basé sur la réalité augmentée (AR). Cette solution permet aux consommateurs de tester différents tons pour trouver celui qui convient le mieux à leur teint, leurs yeux, leur visage et leurs lèvres. Mais ce n’est pas la seule entreprise qui connaît une forte croissance. Le nombre moyen de sessions sur le site internet de Jane Iredale a augmenté de 300 % grâce aux technologies d’essai virtuel des rouges à lèvres.
Le trafic internet sur le site de Marianna Naturals a également augmenté de 300 %, tandis que les ventes ont enregistré une hausse de 30 % grâce à l’analyse personnalisée des soins de peau. Son programme IA analyse les rides, les taches, le grain de peau et les cernes des consommateurs afin de leur recommander un traitement personnalisé.
Dans de nombreux cas, les entreprises n’ont même pas besoin de commercialiser leurs produits elles-mêmes. Une enquête a révélé que 43 % des acheteurs ont découvert de nouveaux produits de la Beauty Tech par l’intermédiaire d’influenceurs sur YouTube, tandis que 44 % ont déclaré avoir découvert de nouveaux produits grâce aux tendances des réseaux sociaux. Même nos appareils IoT influencent nos achats. 70 % des acheteurs ont reçu des e-mails publicitaires ciblés après avoir effectué des recherches via Siri ou Alexa.
Lorsque ces produits nous sont constamment projetés, envahissent nos boîtes mail ou apparaissent dans les résultats de moteurs de recherche en ligne, il n’est pas étonnant que nous voulions les tester. Cela nous amène à une autre question : quels sont les produits et les tendances qui dominent l’industrie de la Beauty Tech ?
La Beauty Tech : les produits et les tendances
Miroirs intelligents, essais virtuels, technologies IA de soins de la peau… Toutes sortes de produits de beauté sont achetés.
Essai virtuel de maquillage
L’essai virtuel de maquillage est peut-être l’une des technologies de beauté les plus populaires sur le marché. Au moins 31 % des consommateurs de la génération Z disent en avoir déjà eu recours. 58 % des acheteurs de produits de beauté de la génération Z ont également utilisé un filtre IA pour les aider à trouver un produit spécifique.
Avec un simple filtre, les consommateurs peuvent explorer une gamme complète de nuances et de produits pour trouver l’ombre à paupières ou la teinte de rouge à lèvres idéales. Certaines marques vont encore plus loin avec des recommandations générées par l’IA ou même l’analyse graphique pour trouver le produit adapté à vos besoins et à votre teint.
À l’instar du maquillage, les grandes marques de produits capillaires utilisent également l’IA pour permettre aux clients d’expérimenter de nouvelles colorations, de nouveaux styles et de nouveaux produits. Ces outils permettent d’analyser le type et la couleur de vos cheveux afin de vous recommander la coiffure idéale, ainsi qu’une liste de produits générée par l’IA.
En général, ces technologies impliquent une autorisation d’accès à l’appareil photo de votre smartphone, que ce soit par l’intermédiaire de l’application de la marque, de son site web ou même grâce à un QR code. Le module analysera ensuite votre visage pour déterminer vos traits et vous permettre de choisir parmi les nuances de couleurs proposées ou de bénéficier de recommandations personnalisées concernant divers produits. D’autres informations sont généralement collectées à l’aide de questionnaires ou de formulaires pour mieux cerner vos goûts et vos besoins. C’est incroyablement pratique, mais il est aussi inquiétant que nous communiquions si facilement nos données biométriques.
La boutique virtuelle d’Elizabeth Arden
Elizabeth Arden, une grande marque cosmétique mise également sur les technologies de l’IA générative. Sa boutique Fifth Avenue, une plateforme RV offre aux clients une expérience immersive. Elle comporte plusieurs salons virtuels. Chaque pièce raconte l’histoire d’un produit de maquillage spécifique, notamment le rouge à lèvres Victory Red créé pendant la Seconde Guerre mondiale. Les clients peuvent faire leurs achats dans chaque pièce tout en découvrant la marque.
Les appareils de beauté intelligents
Autrefois, un miroir ne servait qu’à regarder son reflet, jusqu’à ce que la Beauty Tech fasse son apparition ! Les miroirs intelligents permettent aux consommateurs de tester et d’explorer de nouveaux produits grâce au Machine Learning (apprentissage automatique) qui permet d’analyser les traits du visage, tels que le teint, la texture de la peau, la forme des yeux et même l’âge.
De nombreux miroirs intelligents intègrent des technologies graphiques, permettant d’analyser des images et des fichiers en ligne, en vue de vous proposer une gamme de produits sur mesure basée sur vos données personnelles. Votre assistant numérique peut même vous guider dans la sélection de certains produits. Les marques collectent également d’autres données analytiques à partir de ces miroirs intelligents, notamment les produits que vous avez testés, la durée de l’essai, l’historique de vos achats et presque tout ce qui concerne vos habitudes de consommateur. Tout cela grâce à un miroir ! Même si c’est ingénieux, il semble que nous soyons suivis et surveillés en permanence.
Les miroirs sont loin d’être les seuls appareils disponibles sur le marché. Les brosses à cheveux, les brosses à dents et les bouteilles intelligentes sont aussi commercialisées généralement avec des applications installées sur votre smartphone pour suivre vos données. Les brosses à cheveux intelligentes permettent de déterminer la manière dont vous vous brossez les cheveux, ainsi que votre type de cheveux et vos préférences, afin de vous recommander certains produits. Cheveux bouclés ? Pointes fourchues ? Décoloration ? Les brosses à cheveux intelligentes peuvent tout détecter. Si vous recevez soudainement des mails ou des publicités pour une huile capillaire, vous savez pourquoi… La brosse à cheveux collecte vos données à chaque mouvement.
Les soins personnalisés de la peau
Au-delà des cheveux et du maquillage, un autre concept domine la Beauty Tech : les soins de peau. Autrefois, on se contentait d’une lingette démaquillante et d’une crème hydratante parfumée. Aujourd’hui, les soins de peau se font en 10 étapes, avec des huiles, des sérums, des crèmes hydratantes, du rétinol, des FPS et tout ce qui s’y rattache. Grâce à l’IA, il est plus facile de savoir désormais quels sont les produits dont votre peau a besoin.
Les grandes marques investissent dans l’IA pour analyser le teint des consommateurs, en examinant presque tout, de la texture et de la couleur aux rides, en passant par les imperfections et les lésions causées par le soleil. Outre les questionnaires personnalisés, les programmes de soins de peau recommandent une gamme complète de produits pour chaque client. Certains peuvent même évaluer votre peau en fonction de l’utilisation des produits recommandés au fil du temps. Dans de nombreux cas, les technologies de soins de la peau font partie de nos habitudes quotidiennes, nous permettant de suivre l’évolution de nos soins et d’acheter les produits les plus récents.
Skincredible de Sephora
Skincredible de Sephora est un appareil que les clients peuvent utiliser en magasin pour obtenir des recommandations personnalisées en matière de soins de peau. Il scanne le visage des consommateurs pour analyser leur type de peau et leurs besoins. Le gadget analyse particulièrement quatre éléments : les pores, le sébum, l’hydratation, les rides/ridules. Il recueille également des données personnalisées telles que le mode de vie, l’âge et l’exposition au soleil afin d’obtenir des résultats plus précis. Il recommande ensuite des produits Sephora spécifiques dans huit catégories, notamment des démaquillants, des nettoyants, des toniques, des sérums, des hydratants, des crèmes pour les yeux, des crèmes solaires et des masques pour le visage.
Les produits de beauté dans le métavers
Hormis les avancées technologiques dans ce secteur, de nombreuses entreprises cosmétiques se lancent dans le métavers, comblant ainsi le fossé qui nous sépare du cyberespace. Les consommateurs peuvent explorer de nouveaux produits et les tester dans différents environnements grâce à des expériences immersives. Les entreprises invitent les clients dans des salles virtuelles, leur permettant d’assister à des événements, de discuter avec d’autres consommateurs, de jouer, etc. Ils peuvent également acheter des produits directement à partir du Beautyverse, ce qui facilite grandement l’accès aux nouveautés.
La Beauty Tech est-elle avide de données ?
Le marché de la Beauty Tech est en plein essor, mais il suscite également beaucoup d’inquiétudes liées notamment à la confidentialité en ligne. Les nouvelles technologies exploitent d’énormes quantités de données personnelles pour offrir aux consommateurs l’expérience hyper-personnalisée promise. Il n’est tout simplement pas possible de parvenir à un tel niveau de personnalisation sans collecter ces données, mais quelles sont les conséquences qui en découlent ?
Le type de données collectées par ces programmes entre généralement dans l’une ou plusieurs des trois catégories suivantes : contextuelles (localisation et météo), démographiques (âge, préoccupations, allergies et objectifs personnels) et comportementales (historique de navigation, mots-clés de recherche, paniers supprimés et habitudes d’achat).
Certains programmes d’IA, tels que les applications d’essai virtuel et les filtres, s’appuient sur la reconnaissance faciale pour obtenir des résultats précis. Cela implique la collecte d’informations relatives à votre visage et ses attributs, généralement par le biais de votre appareil photo, de votre caméra et de votre microphone. Plus le programme IA est performant, plus il a besoin d’informations. Il peut tout enregistrer, de votre visage à votre rétine. Ce n’est pas vraiment rassurant !
Tout comme les empreintes digitales et l’ADN, les traits du visage entrent dans la catégorie des données biométriques, qui peuvent facilement être utilisées pour vous identifier. La nature de ces données suppose également que les entreprises spécialisées dans la Beauty Tech obtiennent le consentement préalable du client avant de les collecter, de les utiliser et de les conserver, même s’il semble que ces conditions ne soient pas toujours respectées.
Ces dernières années, la manière dont les entreprises cosmétiques recueillent et utilisent les données personnelles de leurs clients n’a cessé de susciter des interrogations. De nombreuses marques bien connues ont fait la une des journaux et ont été poursuivies en justice pour atteinte à la protection de la vie privée. Sephora, une grande chaîne de magasins de produits cosmétiques, a été condamnée à une amende de 1,2 million de dollars pour avoir enfreint la réglementation californienne relative à la protection des données personnelles des consommateurs (California Consumer Privacy Act). Sephora aurait vendu illégalement les données personnelles de ses clients via des traqueurs tiers pour diffuser des publicités ciblées et proposer des remises. La marque n’a pas non plus respecté leur droit à la rectification, continuant à leur envoyer des publicités ciblées même après le retrait du consentement.
En mai 2022, Estée Lauder s’est également retrouvée sous les feux des projecteurs après la mise en cause de son système d’essai virtuel. La célèbre marque de cosmétique a été accusée de collecter illégalement les données biométriques de ses consommateurs en utilisant la reconnaissance faciale à des fins indéterminées. Le programme d’essai virtuel contient un lien vers la politique de confidentialité de l’entreprise, mais il ne précise pas si les données biométriques des consommateurs sont collectées ou conservées.
Bien que l’on puisse imaginer qu’un programme d’essai virtuel s’appuie sur la reconnaissance faciale pour fonctionner, Estée Lauder n’en a fait état nulle part. Le fait que la politique de confidentialité soit ambiguë et n’aborde pas explicitement le consentement du consommateur constitue une violation des législations relatives au droit à la vie privée et à la protection des données personnelles.
Même lorsque le consentement est accordé, des interrogations subsistent quant à la manière dont il est obtenu. Certaines entreprises recourent au consentement implicite, généralement par le biais d’une case pré-cochée que les consommateurs oublient de décocher. Elles peuvent même confondre et combiner différents consentements, comme le transfert de données biométriques, l’envoi de données marketing, l’analyse des données analytiques ou le partage des données avec des tiers. Dans l’exemple cité, cela signifie qu’un consommateur ne peut pas utiliser un système d’essai virtuel sans accepter également d’être surveillé ou de partager ses données avec des inconnus. On ne sait pas vers où ces données biométriques seront envoyées sur Internet. Si un utilisateur non autorisé accède aux données biométriques, il peut les utiliser comme bon lui semble, que ce soit à des fins légales ou illégales.
Les préoccupations portent également sur les technologies utilisées dans les magasins et les procédés hors ligne, notamment les miroirs intelligents. Certaines marques de produits de beauté utilisent des miroirs intelligents en magasin ou invitent les consommateurs à utiliser des technologies d’essai virtuel lorsqu’ils font leurs achats. Leurs collaborateurs recueillent-ils le consentement explicite des consommateurs ? Leur expliquent-ils comment leurs informations seront utilisées avant de les encourager à utiliser leurs produits ? Autant de questions qui restent sans réponse et qui ne manqueront pas d’être abordées à mesure que les technologies de la Beauty Tech continueront à dominer le marché.
Malgré cela, il semble que l’intérêt économique l’emporte sur les risques pesant sur la vie privée des consommateurs. Des études montrent que seuls 23 % des consommateurs au monde ont le sentiment de contrôler leurs données personnelles, bien que certaines générations soient plus disposées à compromettre leur confidentialité en échange d’un meilleur rapport qualité-prix, notamment pour une expérience d’achat personnalisée. Plus de 50 % de la génération Y et de la génération Z sont prêts à partager leurs données et à laisser les entreprises les partager avec des tiers en échange d’une meilleure qualité de service. Bien que les risques pour la vie privée soient trop importants pour être ignorés, il semble que beaucoup d’entre nous soient prêts à agir de la sorte.
Les habitudes d’achat dans le secteur de la Beauty Tech
Les dépenses allouées aux technologies de la Beauty Tech augmentent partout, même si le marché est davantage plus prometteur dans certains pays que dans d’autres. En moyenne, les consommateurs américains dépensent 1 754 USD par an sur des produits de beauté, ce qui explique peut-être pourquoi le marché américain de la Beauty Tech progresse plus rapidement que dans d’autres pays.
En 2021, les recettes du marché américain de la Beauty Tech s’élevaient à 1,34 milliard de dollars. D’ici 2026, elles devraient atteindre 3,42 milliards de dollars. Le deuxième marché le plus important est celui de la Chine, bien que ses recettes ne devraient atteindre que 2,25 milliards de dollars d’ici 2026, soit plus de 40 % de moins que les États-Unis. Le Japon et le Royaume-Uni les suivent de près. En ce qui concerne la répartition des dépenses, les consommateurs investissent surtout dans les soins de la peau, les soins capillaires et les produits de maquillage. Nous savons maintenant pourquoi nous voyons de plus en plus de produits de la Beauty Tech dans ces trois catégories.
Les dépenses associées à la Beauty Tech varient également si l’on examine de plus près les habitudes d’achat de différentes générations. Deux générations enregistrent les dépenses les plus élevées : la génération Z et la génération Y. Chaque année, les milléniaux (génération Y) dépensent 2 670 dollars sur de nouveaux produits de beauté, ce qui représente 48 % de tous les achats de produits de beauté en ligne.
La génération Z est également accro aux tendances de la Beauty Tech, représentant 35 % des achats de produits de beauté en ligne. Cette génération dépense en moyenne 2 048 dollars par an sur de nouveaux produits de beauté. Ensemble, les consommateurs des deux catégories générationnelles dépensent plus de 4 000 dollars en produits de beauté chaque année. Pour certains, ce montant semble invraisemblable, mais pour les concernés, il s’agit d’un véritable investissement.
Des études récentes révèlent que plus de 68 % des consommateurs de la génération Z en Europe souhaitent obtenir des recommandations personnalisées en matière de produits de beauté. De toute évidence, les achats de produits de beauté représentent une part importante de leur budget mensuel. En fait, 70 % de tous les acheteurs de produits de beauté en ligne se procurent un nouveau produit chaque mois. Et 31 % des consommateurs recherchent des produits de beauté au moins une fois par semaine.
L’impact des réseaux sociaux sur la Beauty Tech
En dépit de leurs achats réguliers, les consommateurs prennent toujours le temps de faire des recherches minutieuses, surtout la génération Z. Près de 50 % des acheteurs de la génération Z effectuent des recherches approfondies sur les ingrédients des produits de beauté et leurs bienfaits avant de les acheter. Comment ? Il semble que les réseaux sociaux soient leur meilleur atout.
L’influence des réseaux sociaux sur les dépenses en produits de beauté est évidente. Près de la moitié des acheteurs de produits de beauté aux États-Unis déclarent trouver de nouveaux produits sur les réseaux sociaux, tandis que 46 % d’entre eux affirment que les réseaux sociaux sont la raison pour laquelle ils dépensent plus sur des produits de beauté. Entrez dans n’importe quel réseau social et vous verrez des publicités de nouveaux produits, des influenceurs qui testent des produits et des liens d’achat. Ce n’est un secret pour personne !
Certains réseaux sociaux comme TikTok, Instagram et Snapchat disposent même de filtres IA intégrés qui permettent de tester des produits sur la plateforme. Il est plus facile que jamais de découvrir, d’essayer et d’acheter des produits sur les plateformes de réseaux sociaux. Grâce aux fonctionnalités de saisie automatique, il est possible d’acheter un nouveau produit de beauté en moins d’une minute.
Bien que toutes les plateformes de réseaux sociaux soient des stimulants pour la consommation de produits de beauté, une application semble se distinguer des autres. TikTok représente 89 % de tous les achats de produits de beauté sur les réseaux sociaux aux États-Unis, suivie d’Instagram avec 66 %. Grâce à TikTok Shop et à une nouvelle façon de consommer des vidéos, il n’a jamais été aussi facile pour les marques et les influenceurs de persuader les consommateurs de faire des achats.
Les préoccupations des consommateurs et les enjeux de l’IA
Alors que le marché de la Beauty Tech continue d’évoluer, les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par la manière dont les nouvelles technologies collectent et exploitent leurs données. Outre la protection de la vie privée et la reconnaissance faciale, les entreprises sont également confrontées aux enjeux de la discrimination et de l’inclusion sociale.
Les systèmes d’essai virtuel et les filtres IA sont conçus pour fournir des recommandations personnalisées concernant des produits adaptés au type de la peau. Que se passe-t-il si ces outils ne sont pas suffisamment développés pour identifier toutes les variations et couleurs de la peau ? En tant que consommateurs, nous sommes de plus en plus soucieux de la façon dont les marques mettent en avant la diversité et l’inclusivité, notamment en ce qui concerne l’origine, le corps, la forme et les particularités de chaque individu. Pour y parvenir, les produits commercialisés doivent répondre aux besoins et aux sensibilités de tous les consommateurs.
La santé mentale et la perception de soi sont également des préoccupations majeures pour les consommateurs de produits de beauté. Des études récentes ont révélé que 21 % des consommateurs de la génération Z estiment que les filtres IA mettent en avant des apparences peu réalistes, et 18 % pensent que l’IA crée trop de pression autour de l’idéal de la beauté. Malgré le succès des nouvelles technologies, il semble que l’équilibre entre les préoccupations des consommateurs et les pressions sociétales en faveur d’une certaine forme d’apparence sera encore difficile à trouver. La Beauty Tech peut-elle être un relais pour la beauté naturelle ? Nous le saurons dans le futur.
Le Futur de la Beauty Tech
La réalité virtuelle est devenue la pierre angulaire de la Beauty Tech. Le marché devrait connaître une croissance exponentielle dans les années à venir, de plus en plus de consommateurs investissant dans les technologies de beauté les plus récentes et les plus performantes. Nous verrons sans aucun doute de nouveaux acteurs dans ce secteur et des produits encore plus perfectionnés, mais cette évolution n’est pas sans défis.
De célèbres marques ont été déjà l’objet de poursuites pour atteinte à la vie privée ou pour une utilisation abusive des données personnelles des consommateurs. Alors que le marché se développe, pourrait-on voir davantage d’entreprises manquer à leurs obligations en matière de la protection des données en ligne ? Même si les internautes sont manifestement prêts à échanger leurs données biométriques au profit d’une expérience d’achat plus personnalisée, nous nous demandons si tout cela en vaut vraiment la peine… Jusqu’où sommes-nous prêts à renoncer à notre confidentialité pour un miroir intelligent qui nous dira que nous avons plus de rides que nous ne le pensions ?
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