Si nous devions imaginer une cagnotte de 40 millions de dollars pour un tournoi international, à quel type de sport penseriez-vous ? Le basketball ? Le football ? Eh bien, il s’agit en fait du prix de la première place de The International, le dernier tournoi de jeux vidéo du Dota Pro Circuit, qui a lieu tous les ans.
Dota, ou Defense of the Ancients, est une marque brevetée acquise (et maintenant développée) par Valve. En raison de sa popularité et de ses structures, Dota est devenue incontournable dans les tournois de jeux vidéo. Aujourd’hui, les joueurs eSport remportent des prix comparables à ceux des athlètes sportifs. Les experts prévoient que l’esport générera des recettes de près de 1,6 milliard de dollars en 2023.
Mais est-il vraiment intéressant de devenir un joueur d’esport ? S’agit-il d’une activité lucrative viable ? Et que faut-il exactement pour devenir esportif ou gamer pro ? La plupart des jeunes ne sont-ils pas doués pour les jeux vidéo ?
Dans cette publication, nous découvrirons ce qu’il faut pour devenir une icône du gaming et nous irons à la rencontre de gamers professionnels de Counter Strike: Global Offensive : Astra (Mayline-Joy Champliaud) et Aleksib (Aleksi Virolainen) de la légendaire organisation Ninjas in Pyjamas, pour connaître leurs points de vue.
Voyons comment les joueurs eSport se comparent à leurs homologues athlètes sportifs en termes de défis, de style de vie et de carrière.
Le xeSport est-il le choix de carrière idéal ?
Les joueurs eSport privilégient le jeu, le divertissement du public ou les deux, contrairement à d’autres professionnels de l’industrie des jeux vidéo, tels que les rédacteurs, les développeurs et les testeurs.
La réponse à la question précédente est oui. Certes Il y a beaucoup d’avantages, mais il existe également des inconvénients inhérents à la pratique de l’eSport.
Avantage n° 1 : le talent prime sur les aptitudes physiques
Le sport est fortement conditionné par des attributs physiques tels que la taille, le poids, la largeur des épaules, etc. La diététique et les idéaux de musculation sont très répandus parmi les athlètes et leurs fans. Les joueurs de sports électroniques n’ont pas besoin d’avoir un certain poids pour participer aux tournois de Rocket League.
De plus, les gamers professionnels ne sont pas désavantagés par l’âge, contrairement aux athlètes sportifs. Vous connaissez peut-être mieux Hamako Mori sous le nom de Gamer Grandma. Née en 1930, elle est la personne la plus âgée ayant une chaîne consacrée aux jeux vidéo sur YouTube, comme le certifie le le livre Guinness des records. Bien qu’elle ait déclaré éviter de jouer en compétition à son âge, Gamer Grandma a déjà participé à des jeux de eSport tels que Call of Duty: Modern Warfare et Battlefield 4.
Michelle Statham est née en 1965. Elle est pourtant une joueuse compétitive. Connue sous le nom de TacticalGramma, elle diffuse régulièrement ses parties de Call of Duty: Warzone sur Facebook et Twitch. Elle vend également des produits dérivés TacticalGramma, ce qui montre à quel point ses fans soutiennent son activité.
Avantage n° 2 : le eSport est un choix de carrière tout à fait viable
Il y a à peine vingt ans, faire carrière en ligne était considéré comme une activité imprudente et hasardeuse, voire illégale. Aujourd’hui, les streamers collaborent avec des sponsors et des annonceurs, ce qui leur garantit un revenu satisfaisant et régulier.
Les gamers professionnels signent même des contrats avec des équipes leur garantissant un salaire décent. De nombreuses équipes de eSport ont également des agents chargés de la promotion, du marketing, du merchandising, du planning et des réseaux sociaux. Cela donne l’impression qu’il s’agit davantage d’une activité professionnelle que d’un one-man-show.
Avantage n° 3 : se libérer du 9 à 5
La pandémie de Covid 19 a entraîné une forte appétence pour le télétravail. Malgré cela, peu d’employeurs sont prêts à renoncer à leurs bureaux et à offrir plus de flexibilité à leurs collaborateurs.
Le eSport est une excellente perspective de carrière si vous envisagez de travailler à distance ou si vous n’êtes pas du genre à vous lever tôt. Il vous suffit d’avoir une connexion internet stable, d’un bon équipement et d’un environnement de travail adéquat.
Si vous intégrez une équipe de eSport, vous aurez de nombreuses occasions de voyager dans le cadre de tournois régulièrement organisés. Ceux-ci se déroulent généralement en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Sud-Est. Peu de carrières offrent la possibilité de voyager dans le monde entier.
Avantage n° 4 : les réflexes et les facultés de résolution de problèmes
Une étude menée en 2015 par des chercheurs australiens et chinois a révélé que les gamers professionnels ont des capacités supérieures en matière de résolution de problèmes et un meilleur raisonnement logique. Cela s’explique par le fait que la plupart des sports électroniques requièrent une réflexion stratégique. Les jeux vidéo améliorent également la coordination main-œil et favorisent la prise de décision rapide.
Ces résultats ne sont pas limités aux sports électroniques, puisque les sports d’équipe et la course automobile offrent généralement les mêmes avantages. Néanmoins, il s’agit d’excellentes aptitudes que l’on peut exploiter au-delà de l’univers du gaming. Elles peuvent être mises à profit dans un large éventail de carrières. Si un esportif veut se réorienter vers d’autres domaines, il pourra y parvenir plus facilement.
Avantage n° 5 : la popularité et l’influence
La volonté de devenir célèbre est vieille comme le monde, mais les réseaux sociaux ont exacerbé à la fois le besoin de se faire connaître et les moyens d’y parvenir. Les gamers professionnels célèbres bénéficient souvent d’une notoriété équivalente à celle des grands influenceurs sur les réseaux sociaux. Certains parviennent même à se faire une place dans la pop culture.
Lee Sang-hyeok, un gamer pro de League of Legends, connu sous le nom de Faker, s’est illustré dans ESPN qui lui a consacré plusieurs programmes pour retracer sa vie. FaZe Clan, l’une des organisations d’esport les plus populaires, a conclu un partenariat avec DC Comics pour une série de bandes dessinées en édition limitée représentant Batman aux côtés des membres de FaZe. L’équipe américaine Cloud9 s’est associée à AT&T pour promouvoir l’expansion et l’intégration de la 5G, et ses membres ont même participé à une séance photo promotionnelle de BMW.
Les joueurs de eSport sont des célébrités à qui on peut demander de signer des autographes, ils vendent des produits personnalisés et sont reconnus en public. Pour les passionnés de jeux de compétition qui aspirent à atteindre ce niveau de célébrité, une carrière dans l’esport semble être une bonne option.
Inconvénient n° 1 : la pression de la performance
Les athlètes ont parfois recours à un traitement médical pour améliorer leurs performances physiques. Ce n’est un secret pour personne ! Le monde de l’eSport favorise également un environnement compétitif qui peut pousser les gamers à consommer des substances dopantes de manière abusive. Il semblerait que certains amateurs de eSport aient eu recours à l’Adderall dans certains cas.
L’Adderall est un médicament couramment prescrit pour traiter les personnes souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Il s’agit d’un psychostimulant composé d’amphétamine et de dextroamphétamine, qui améliore la concentration et le contrôle cognitif et renforce l’état d’éveil. Les effets secondaires les plus courants sont l’insomnie, la perte d’appétit et l’euphorie. Ce sont les principales raisons pour lesquelles les consommateurs abusent de l’Adderall.
Certains étudiants consomment de l’Adderall pour passer des nuits blanches. Il semblerait maintenant que le monde de l’eSport s’en soit emparé. Ce médicament peut permettre aux joueurs de mieux se concentrer, d’avoir de meilleurs réflexes et même de prendre moins de pauses.
L’Adderall est-il considéré comme une substance dopante dans l’univers du gaming professionnel ? La recherche scientifique n’est pas encore concluante. Certaines études menées sur des jeunes ne souffrant pas de TDAH ont montré que l’augmentation de la concentration qu’ils ressentent est due à l’effet placebo. Certains gamers professionnels affirment que l’interdiction de l’Adderall et de médicaments similaires est discriminatoire à l’égard des personnes souffrant de problèmes tels que le TDAH ou la narcolepsie. Cela pourrait inciter beaucoup de gamers à solliciter un diagnostic de TDAH pour contourner une éventuelle interdiction de l’Adderall.
Inconvénient n° 2 : moins de reconnaissance en tant que professionnel
Les athlètes déploient des efforts considérables pour développer leurs facultés physiques et devenir professionnels. Nous avons appris, en tant que société, à respecter le travail qu’ils accomplissent. Il en va de même pour les grands maîtres d’échecs, qui sont généralement considérés comme des personnes dotées d’une grande intelligence.
Mais un gamer professionnel ne bénéficie pas toujours de cette reconnaissance. La société dans son ensemble considère toujours le gaming comme une activité paresseuse et improductive. Nombreux sont ceux qui prennent les compétitions à la légère ou rejettent l’idée de jouer en streaming pour gagner sa vie. La société ne reconnaît pas le stress que subissent les jeunes gamers et utilisent souvent des exemples de dur labeur pour mettre en cause leurs challenges et leurs éventuelles difficultés.
Inconvénient n° 3 : des problèmes de santé
La plupart des gamers professionnels sont déjà confrontés au stress et à l’anxiété dus à la pression de la performance. Mais les risques pour la santé physique sont également patents. Le sport électronique est propice à un mode de vie sédentaire. Il est donc facile de manquer de condition physique.
Les joueurs de eSport jouent régulièrement pendant plus de six heures consécutives. Cela les expose à des troubles visuels, sans compter que de longues périodes en position assise augmentent les risques d’hypercholestérolémie, d’hypertension artérielle et d’hyperglycémie. Les streams de 24 heures à des fins caritatives sont également devenus populaires, mais ils ont des effets néfastes sur le sommeil et les mécanismes métaboliques.
Comme si cela ne suffisait pas, des chaînes de restauration rapide populaires comme Pizza Hut sponsorisent régulièrement des événements d’esport. Les gamers sont souvent vus en train de manger les produits du sponsor pendant les pauses, à la fois pour des raisons de commodité et à des fins de marketing. Or, les aliments gras et riches en calories entraînent souvent des problèmes cardiaques.
Inconvénient n° 4 : les dépenses
Les streamers qui cherchent à percer dans ce secteur lancent généralement une chaîne YouTube ou Twitch sur laquelle ils diffusent des jeux et tentent d’attirer le public. Cela semble simple, mais ce n’est pas vraiment à la portée de tous.
Vous devrez peut-être mettre à niveau votre abonnement internet actuel pour bénéficier d’un meilleur transfert de données. Vous aurez également besoin d’une caméra et d’un microphone de bonne qualité. Si votre chambre est mal éclairée, vous devrez investir dans l’éclairage annulaire.
Ensuite, vous devez utiliser un logiciel pour le live streaming. Afin de garantir le bon fonctionnement des streams, vous aurez besoin d’une carte de capture et d’un encodeur. S’il s’agit de votre première expérience, préparez-vous à plusieurs recherches sur Google pour tout mettre en place. Enfin, pour rester en ligne et vous protéger des cyberattaques pendant les streams, ainsi que des problèmes de latence, vous aurez besoin d’un bon VPN pour le gaming.
Un VPN c’est quoi ? Il s’agit d’un réseau privé virtuel capable de sécuriser vos données de navigation et vous permettre de jouer en toute liberté où que vous soyez et en haut débit.
Gardez à l’esprit que cela ne garantit pas une bonne audience, mais qu’il s’agit du strict minimum en termes de qualité, faute de quoi vos téléspectateurs se désintéresseront de votre chaîne. Si vous souhaitez promouvoir correctement votre chaîne par le biais de publicités et d’articles de sponsoring, vous aurez besoin d’un peu plus d’argent.
Ceux qui souhaitent devenir des professionnels de l’esport se concentreront probablement davantage sur l’amélioration de leur gameplay et sur l’utilisation de leurs compétences de jeu pour attirer l’attention des personnes déjà établies dans le secteur, plutôt que sur le streaming. Leur équipement n’est peut-être pas aussi coûteux que celui d’un streamer, mais ils ont besoin d’une bonne configuration matérielle, d’une connexion internet stable et de beaucoup de temps.
Inconvénient n° 5 : des risques pour la santé mentale
Nous avons déjà abordé la question de la pression exercée sur les gamers professionnels pour qu’ils soient performants. Tout semblant de célébrité ou de popularité s’accompagne d’un spectre de toxicité répandue dans la communauté des gamers, ce qui augmente encore le stress.
Les joueurs compétitifs doivent faire face aux critiques de leurs fans et de leurs adversaires. Certains sont exposés à la cyberintimidation et au cyberharcèlement.
Vous seriez confronté à beaucoup de personnes toxiques dans l’ensemble, et en tant que femme, c’est encore pire parce que certaines personnes pourraient devenir des trolls simplement parce qu’elles ont entendu une voix féminine.
Astra, gameuse pro de Counter Strike: Global Offensive
L’esprit sportif est depuis longtemps une valeur négligée dans le monde du gaming en ligne. Ce constat rejaillit également lors des compétitions. Les gameuses semblent être particulièrement ciblées. Aleksib a confirmé que les commentaires des internautes peuvent même atteindre les gamers les plus expérimentés, d’où l’importance d’apprendre à faire abstraction des critiques négatives.
Il y aura toujours des regards sur vous. Après avoir fait cela pendant si longtemps, certains commentaires peuvent vous irriter ou vous donner l’impression que vous travaillez beaucoup, mais que vous n’obtenez pas les résultats espérés. Honnêtement (vous devriez) essayer de profiter de ces moments, de vos coéquipiers, des gens qui vous entourent, et ne pas vous soucier de ce que les autres disent sur vous. Je pense que cela contribue grandement à (…) votre bien-être et, à la fin, je pense que cela se reflétera sur vos propres performances.
Aleksib, gamer pro de Counter Strike: Global Offensive
Ce qu’il faut pour devenir esportif ou gamer pro
Pour ceux qui sont prêts à faire face aux difficultés de l’univers dueSport, un long chemin les attend.
Comme dans toute activité professionnelle, tout dépend de l’individu ! Les qualifications, la détermination, les opportunités, la sécurité et la passion sont autant d’éléments qui interviennent dans le choix d’une carrière. On change aussi d’avis, comme l’ont fait de nombreux professionnels lors de la pandémie de Covid-19. C’est un élément à prendre en considération si vous n’avez pas l’intention de vous engager à long terme.
La plupart des gamers professionnels ont une carrière éphémère. Les chercheurs estiment qu’ils deviennent généralement professionnels entre 16 et 18 ans, la plupart d’entre eux ayant joué en compétition pendant 2 à 6 ans auparavant. Un esportif prend généralement sa retraite entre 22 et 24 ans. Selon une étude, la durée moyenne d’une carrière professionnelle dans le eSport est d’environ 5 ans.
Les esportifs sont donc nettement plus jeunes que leurs homologues sportifs. En 2017, ESPN a comparé l’âge moyen des athlètes actifs et des joueurs d’esport.
Sport/jeu | Âge moyen des athlètes/gamers |
La Major League Baseball (MLB) | 29,2 |
La National Basketball Association (NBA) | 26,8 |
La National Football League (NFL) | 26,6 |
Super Smash Bros. Melee | 25,2 |
Counter Strike: Global Offensive | 23,4 |
League of Legends | 21,2 |
S’il est trop tôt pour déterminer les raisons pour lesquelles les gamers professionnels ont des carrières aussi éphémères, il ne fait aucun doute que l’épuisement joue un rôle important. Les fans et les futurs pros de l’esport pensent souvent à tort que le fait de jouer à des jeux est amusant et que cela devrait donc être le travail idéal.
En réalité, comme d’autres professionnels, les gamers suivent un entraînement intensif. Les équipes eSport s’entraînent environ 50 heures par semaine. Les joueurs peuvent avoir d’autres obligations, en fonction de leurs contrats, telles que le live streaming et le sponsoring. Certains participent même à des études scientifiques mesurant leurs performances, leurs réflexes et leur mémoire. Cela augmente considérablement la charge de travail.
Dans un marché concurrentiel, seuls les meilleurs gamers peuvent faire carrière et réussir. Malheureusement, avec autant de jeunes joueurs avides de compétition, les abus sont fréquents. Ce n’est qu’au milieu des années 2010 que le eSport est devenu un choix de carrière viable et que les gamers ont commencé à gagner leur vie en jouant à des jeux vidéo.
Sans compter que les débuts dans le eSport peuvent être assez difficiles… Voici ce à quoi vous devez vous attendre si vous souhaitez devenir un esportif :
1. S’équiper du matériel nécessaire
La première condition d’une compétition de gaming consiste à se doter d’un équipement décent. Vous devez minimiser le décalage et optimiser votre configuration matérielle pour obtenir des performances optimales.
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- Les claviers mécaniques sont plus réactifs, ce qui les rend plus précis et moins susceptibles de provoquer des erreurs lors des sessions de jeu intensives.
- Une souris filaire est plus réactive qu’une souris sans fil.
- Un moniteur 144 Hz est capable d’atteindre 100 FPS.
- Une mémoire, un CPU et un GPU décents devraient tous être compatibles avec les jeux de dernière génération sans blocage ni baisse de performance.
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Enfin, si vous souhaitez partager vos streams ou les enregistrer, vous avez besoin d’une bonne caméra et d’un logiciel d’enregistrement. Vous aurez également besoin d’un encodeur et d’une carte de capture (de préférence une carte prenant en charge des activités intensives telles que le montage vidéo).
2. Trouver votre genre de gaming
Vous devrez vous focaliser sur un jeu spécifique. Au mieux, il faut choisir un genre pour vous spécialiser, comme les jeux de tir à la première personne (FPS). Afin de pouvoir participer à des compétitions, il ne suffit pas d’être bon dans un jeu. Vous devez vous classer parmi les meilleurs.
Se spécialiser dans un jeu en particulier vous permet d’affiner vos réflexes et vos capacités de prise de décision jusqu’à ce que votre gameplay soit sans faille. Nous avons vu Ali Kabbani (connu sous le nom de Myth) bâtir des structures défensives complexes dans Fortnite en quelques secondes. Marcelo David Coldzera réussit des tirs incroyablement rapides dans Counter Strike: Global Offensive.
Pour parvenir à ce niveau de maîtrise, les gamers professionnels ont dû suivre un entraînement intensif.
3. S’entraîner régulièrement
Une fois que vous avez trouvé votre jeu, soyez prêt à lui consacrer beaucoup de temps jusqu’à ce que vous ayez perfectionné votre stratégie et que vous soyez parfaitement synchronisé avec votre équipe s’il s’agit d’un jeu collectif. C’est la pratique qui permet de développer nos compétences.
Chacune de nos actions est le résultat d’impulsions électriques dans le cerveau. Ces impulsions se déplacent le long d’une chaîne de fibres nerveuses. Plus vous répétez l’action, plus l’impulsion sera rapide. Cela permet également d’entraîner le corps à réagir plus vite et à être plus précis.
Aleksib estime qu’il faut compter entre 8 000 et 10 000 heures pour maîtriser un jeu, tandis qu’Astra estime qu’il faut compter 6 000 heures de pratique.
Néanmoins, vous ne pouvez pas garantir votre succès en atteignant un nombre d’heures de jeu spécifiques. Fixez-vous des objectifs réalistes et évitez de vous surmener au point d’épuiser votre corps. Certains gamers professionnels peuvent jouer jusqu’à 16 heures par jour pendant une session, mais ce n’est pas nécessairement soutenable à long terme. La constance est la clé.
4. Trouver une équipe
Après avoir développé vos compétences et en vous forgeant une réputation en ligne, commencez à chercher une organisation reconnue et, s’il s’agit d’un jeu collectif, une véritable équipe. Vous disposez de ressources telles que les serveurs Discord, les forums Reddit ou les groupes Steam pour vous aider. Gardez à l’esprit que la concurrence est rude et qu’il faut parfois un certain temps avant d’être accepté dans une équipe.
Certaines équipes s’adressent à des joueurs amateurs, pas à des professionnels. D’autres peuvent même vous proposer de vous engager si elles ont besoin de vos talents. Veillez toutefois à lire attentivement vos contrats avant de les signer.
La recherche d’une équipe est essentielle au développement d’un joueur d’esport. Vous apprendrez à jouer avec d’autres personnes ayant des qualifications différentes des vôtres et à développer de bonnes aptitudes de communication.
5. Gravir les échelons
C’est là que commence la bataille la plus difficile : se faire remarquer. C’est en vous classant régulièrement avec de bonnes performances que vous vous assurerez la reconnaissance des équipes professionnelles, des fans et des entreprises. Si vous êtes suffisamment doué, vous pourrez rejoindre une équipe de gamers.
Cependant, vous devrez faire preuve d’une grande prudence pendant cette période. La plupart des gamers sont des jeunes très compétitifs. Cela crée un terrain propice aux comportements abusifs et aux pratiques trompeuses.
Contrairement aux autres ligues sportives comme la NFL, le sport électronique n’a pas encore de syndicat pour négocier les droits des gamers. Les contrats d’exclusivité sont courants. Ils comprennent généralement des clauses visant à s’approprier les revenus générés par les gamers. La célèbre organisation FaZe Clan a récemment réglé un litige contractuel en 2020 en raison de ce type de clauses. Le joueur de Fortnite Turner Tenney (Tfue) avait engagé des actions en justice en raison du contrat qui permettait à FaZe de s’approprier 80 % de tous les parrainages et revenus publicitaires qu’il gagnait.
De nombreux joueurs d’esport s’engagent auprès d’agences professionnelles spécialisées alors qu’ils sont mineurs. La plupart des lois sur le travail des enfants ne concernent que l’industrie cinématographique, car elles n’ont pas été mises à jour pour tenir compte de la numérisation croissante. Cela signifie que de nombreux gamers peuvent ne pas bénéficier d’une protection juridique pour les soutenir et veiller à leurs intérêts. Une fois que vous avez signé, vous devez vous conformer au règlement en vigueur.
6. Vivre comme un pro
Peu importe le nombre d’heures d’entraînement qu’il vous a fallu pour arriver jusqu’ici, vous devez toujours vous améliorer. Les membres des équipes de eSport professionnelles habitent souvent ensemble, en fonction des engagements pris par l’organisation en matière de logement. Ces espaces de vie communs sont connus sous le nom familier de gaming house.
Dans la gaming house de Cloud9, les gamers s’entraînent jusqu’à 12 heures par jour. Il faut beaucoup d’efforts et de dévouement pour maintenir un tel rythme de vie. Les heures tardives sont également très fréquentes, comme l’a confirmé Aleksib, gamer professionnel finlandais de CS:GO.
Ma journée moyenne consiste à discuter avec l’équipe avant l’entraînement, puis à s’entraîner, et nous avons généralement une pause de deux heures. Pendant cette pause, je vais à la salle de sport. Ensuite, nous poursuivons le raid et nous terminons dans la soirée. (…) En général, je finis ma journée assez tard par rapport à certains de mes camarades.
Les experts recommandent une approche holistique pour pratiquer l’esport et maintenir un mode de vie sain. Il s’agit notamment de manger des repas équilibrés et de faire de l’exercice. Cela aide les gamers à gérer le stress et à prévenir les problèmes de santé résultant d’une forte exposition aux écrans, tels que les douleurs dorsales et cervicales.
Vous comprenez pourquoi il est difficile de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée avec un tel planning. Si vous n’êtes pas suffisamment discipliné et rigoureux, vous aurez du mal à vous adapter, si ce n’est pas impossible.
Défis (supplémentaires) pour les femmes dans l’esport
Les personnes qui souhaitent entamer une carrière dans le sport électronique ont déjà un chemin semé d’embûches devant elles. Comme dans la plupart des domaines à prédominance masculine, les femmes sont confrontées à des difficultés supplémentaires, voire à la discrimination dans l’esport.
Il existe actuellement des barrières structurelles et culturelles qui limitent l’accès des femmes aux jeux de compétition et à leurs ressources. Cela se traduit par quatre aspects clés auxquels les joueuses d’esport sont confrontées.
1. L’écart de rémunération
Les joueuses d’esport gagnent moins que leurs homologues masculins. Selon esportsearnings.com, aucune joueuse n’est parvenue à se hisser parmi les 400 joueurs les mieux payés au monde. En janvier 2023, la gameuse qui gagne le plus est la Canadienne Sasha Hostyn, connue sous le nom de Scarlett. Elle est actuellement à la 449e place au monde et à la 15e au Canada en termes de revenus.
L’écart de revenus est significatif si l’on compare les gamers les mieux classés.
Les 10 gameuses professionnelles les mieux payées | ||||
Nom | Revenus (hors sponsoring) | Jeu(x) joué(s) | ||
🇨🇦 Scarlett – Sasha Hostyn | 442 478,91 $ | StarCraft II | ||
🇨🇳 Liooon – Li Xiao Meng | 241 510,00 $ | Hearthstone | ||
🇺🇸 Mystik – Katherine Gunn | 122 550,00 $ | Call of Duty: WarzoneDead or Alive 4 | ||
🇸🇪 juliano – Julia Kiran | 96 054,47 $ | Counter Strike: Global OffensiveValorant | ||
🇺🇸 Nina – Nina Qual | 90 973,33 $ | StarCraft II | ||
🇺🇸 Hafu – Rumay Wang | 90 066,67 $ | HearthstoneBloodline ChampionsWorld of Warcraft | ||
🇷🇺 vilga – Ksenia Klyuenkova | 88 493,92 $ | Counter Strike: Global Offensive | ||
🇺🇸 Ricki Ortiz | 82 854,66 $ | Street Fighter series | ||
🇺🇸 bENITA – Benita Novshadian | 81 189,96 $ | Counter Strike: Global OffensiveValorant | ||
🇮🇩 Alice – Maureen Gabriella | 80 869,00 $ | PUBG |
Les 10 gamers professionnels les mieux payés | ||||
Nom | Revenus (hors sponsoring) | Jeu(x) joué(s) | ||
🇩🇰 N0tail – Johan Sundsten | 7 184 163,05 $ | Dota 2 | ||
🇫🇮 JerAx – Jesse Vainikka | 6 486 948,78 $ | Dota 2 | ||
🇦🇺 ana – Anathan Pham | 6 024 411,96 $ | Dota 2 | ||
🇫🇷 Ceb – Sébastien Debs | 5 823 909,40 $ | Dota 2 | ||
🇫🇮 Topson – Topias Taavitsainen | 5 690 417,57 $ | Dota 2 | ||
🇩🇪 KuroKy – Kuro Takhasomi | 5 276 347,73 $ | Dota 2Artifact Classic | ||
🇯🇴 Miracle- – Amer Al-Barkawi | 4 877 285,26 $ | Dota 2 | ||
🇫🇮 Matumbaman – Lasse Urpalainen | 4 873 411,04 $ | Dota 2 | ||
🇧🇬 MinD_ContRoL – Ivan Ivanov | 4 660 359,74 $ | Dota 2 | ||
🇱🇧 GH – Maroun Marhei | 4 274 654,27 $ | Dota 2 |
À l’heure actuelle, la joueuse la mieux payée ne gagne qu’environ 6 % de ce que gagne le joueur le mieux payé. Pire encore, les dix meilleures joueuses réunies ne gagnent que 19 % de ce que gagne le joueur le mieux payé. Les perspectives pour les gameuses professionnelles semblent peu réjouissantes.
Bien qu’elle soit passionnée par son travail et qu’elle participe à des tournois importants, Astra admet que les gameuses ont plus de mal à gagner leur vie.
Oui, c’est sûr, surtout dans le milieu féminin où tout est si limité. Il n’y avait pas d’ESL Impact quand j’ai décidé de devenir pro, alors c’était encore pire. Je dirais que ce n’est pas encore assez pour permettre aux femmes de vivre uniquement du gaming, mais nous nous efforçons d’atteindre le sommet. Je pense que les choses vont s’améliorer, ce n’est que le début.
2. L’objectivation et la sexualisation
La sexualisation consiste à présenter une personne sous l’angle de son attrait sexuel, en ignorant ou en minimisant ses autres caractéristiques. La personne est valorisée en tant qu’objet sexuel, et son attrait ou sa valeur sont directement liés à sa sexualité.
Les femmes sont réduites à l’état d’objet dans la plupart des médias. L’industrie des jeux vidéo n’échappe pas à la règle. Traditionnellement, les studios de jeux vidéo s’adressaient à un public masculin, et certains le font encore aujourd’hui. Cela a conduit à la sexualisation des personnages féminins dans les jeux, bien qu’ils soient sous-représentés.
Dans une étude réalisée en 2021 sur les 20 jeux les plus vendus en 2003, des chercheurs ont constaté que seuls 14 % des personnages de jeux vidéo étaient des femmes. Parmi elles, 41 % portaient des vêtements légers et 43 % étaient représentées nues. En revanche, parmi les personnages masculins de jeux vidéo, 11 % portaient des vêtements légers et 4 % étaient représentés nus.
La même étude a révélé que les personnages féminins sont plus susceptibles d’être représentés avec des proportions corporelles irréalistes (25 %) que les personnages masculins (2 %). Cette objectivation peut conduire à une perception altérée du corps féminin, voire à une indifférence des gamers à l’égard des violences subies par les femmes.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que les femmes soient moins nombreuses à s’intéresser aux communautés de gaming. Les joueuses d’esport sont confrontées à des préjugés et à des discriminations fondés sur leur sexe, ainsi qu’à l’objectivation de leurs homologues masculins.
3. Moins d’opportunités et de visibilité
En plus de devoir faire face à l’objectivation, les gameuses professionnelles se retrouvent souvent désavantagées lorsqu’il s’agit de visibilité et de reconnaissance. Elles sont également sous-représentées dans la majorité des compétitions.
En 2014, l’International e-Sports Federation (Fédération internationale d’esport) a provoqué la colère des internautes lorsqu’elle a interdit aux femmes de participer aux tournois de Hearthstone. En réponse à cette réaction, la fédération a fait une déclaration sur Facebook dans laquelle elle promettait un tournoi de Hearthstone réservé aux femmes, qui n’a jamais vu le jour.
Si tous les tournois ne sont pas aussi ouvertement discriminatoires, il est très fréquent que des équipes et des fans se mobilisent en faveur des joueurs masculins. Le développeur américain Valve a organisé quatre tournois internationaux (de 2011 à 2014) et personne n’a réagi au fait qu’il n’y avait pas de femmes parmi les participants à l’événement. Ce n’est qu’en 2019 que Valve a ajouté son premier modèle de gameuse CS:GO.
Astra, gameuse pro de CS:GO, en était parfaitement consciente lorsqu’elle a envisagé de faire carrière dans l’esport.
La décision n’était pas facile. Il y avait beaucoup d’éléments à prendre en compte. Je dirais que c’est un peu imprudent de faire cela parce que la conjoncture était peu favorable aux femmes. J’ai décidé d’interrompre mes études et de devenir pro avant qu’ESL ne lance l’Impact League. Nous avions peu de tournois à ce moment-là, peut-être un ou deux par an.
Les joueuses eSport ont moins de visibilité et moins d’opportunités. Les fans et les organisations débattent encore de la meilleure façon d’intégrer plus de femmes dans les événements de gaming, soit par le biais d’équipes exclusivement féminines, ou en intégrant plus de joueuses dans les équipes masculines.
Les sports traditionnels sont séparés par sexe en raison des différences de taille, de capacités respiratoires et de force musculaire, mais rien de tout cela n’a d’importance dans l’esport.
4. Le harcèlement et le sexisme
Les communautés de gaming en ligne sont manifestement toxiques. Si l’on tient compte du préjugé selon lequel les femmes ne sont pas douées pour les jeux vidéo, on se trouve en présence d’un environnement prédisposé aux abus. Une étude réalisée en 2021 par Reach3 Insights a révélé que 77 % des femmes interrogées ont signalé des cas de harcèlement sexiste. Il s’agit notamment de commentaires condescendants et méprisants, de conseils et de jugements non sollicités, d’hommes quittant les halls où se trouvent des femmes, d’avances sexuelles inappropriées et d’insultes sexistes.
Certains internautes ont même recours à des menaces violentes, au doxxing et au swatting. Outre la modération du contenu, les gameuses ne peuvent pas faire grand-chose d’autre pour se protéger. Alors que des plateformes comme Twitch et YouTube autorisent les filtres, les bots et même les modérateurs de contenu en direct, des sites comme Twitter, Reddit ou Instagram n’offrent pas beaucoup d’aide au-delà du bouton Bloquer.
Le public dit souvent aux gameuses de se montrer plus dures et de faire preuve d’un peu plus d’audace. Cela laisse peu de marge à la discussion sur la façon dont les joueuses de jeux vidéo sont traitées en ligne.
Comment soutenir les femmes dans le eSport
Que vous soyez fan, gamer professionnel ou que vous travailliez pour une organisation de gaming, vous pouvez soutenir les joueuses d’esport de différentes manières.
Garantir plus d’opportunités aux gameuses
La Formule 1 a mis en place la F1 Esports Series Women’s Wildcard pour remédier au manque de représentation de femmes pilotes dans ce sport. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme ESG (Environmental, Social and Governance) de la F1, appelé « We Race as One ».
Le programme garantit une qualification pour les Pro Series à une joueuse afin de favoriser un meilleur équilibre entre les hommes et les femmes dans la compétition. Il s’agit d’une excellente initiative pour permettre aux pilotes eSport féminins de montrer leur talent et d’être reconnues pour leurs performances.
Représenter davantage les femmes
L’un des principaux problèmes auxquels sont confrontées les gameuses professionnelles est le manque de représentantes. Une plus grande visibilité peut inciter davantage de femmes à participer aux compétitions et peut même dissuader les harceleurs ou les trolls de s’en prendre à ce qu’ils perçoivent comme une exception dans le sport électronique.
La représentation des femmes dans l’univers du gaming peut se traduire par la présence de joueuses professionnelles plus célèbres, une meilleure place dans les clubs de sport électronique, une meilleure promotion et des personnages féminins plus marquants dans les jeux vidéo. Un meilleur soutien à celles qui sont confrontées à la toxicité en ligne serait également très utile.
Rejoindre ou créer un réseau de soutien
Heureusement, plusieurs associations mènent le combat pour l’égalité des hommes et des femmes. Vous pouvez les soutenir en faisant un don, en devenant membre ou en diffusant leurs messages. Voici quelques exemples :
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- Women in Games est une organisation à but non lucratif qui milite en faveur de l’augmentation du nombre de femmes dans l’industrie des jeux vidéo.
- AnyKey est une organisation à but non lucratif qui défend la diversité et l’inclusion dans les jeux et les sports électroniques.
- Smash Sisters est un groupe de soutien aux femmes qui jouent à Super Smash Brothers en compétition.
- the*gameHERs est une communauté en ligne dédiée à la valorisation des gameuses.
- Global Gaming Women soutient les femmes actives dans tous les secteurs du gaming.
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Un esportif est plus un athlète qu’un gamer
Malgré toutes les idées reçues, il est clair que les pros de l’esport ont un chemin ardu à parcourir. Les longues heures d’entraînement, les plannings chargés et la concurrence acharnée sont tels que de nombreux gamers deviennent vite surmenés et épuisés. Les joueurs d’esport ne bénéficient pas non plus du même respect et de la même reconnaissance pour leurs talents dont jouissent les athlètes sportifs, car les jeux vidéo sont encore largement considérés comme une perte de temps ou, au mieux, comme une activité de loisir.
Mais les joueurs d’esport sont des jeunes passionnés et enthousiastes. Ils affrontent les défis avec détermination et positivisme. C’est ce qui rend les tournois si attrayants pour les fans et les investisseurs.
Si vous consacrez autant d’heures à votre travail et que vous n’y prenez pas plaisir, je pense que cela nuira à vos performances globales.
Aleksib, gamer pro de CS:GO
Bien qu’on ait encore un long chemin à parcourir en termes d’égalité des chances et de rémunération équitable pour tous, il est indéniable que l’esport continuera à être un élément essentiel du divertissement numérique dans les années à venir et qu’il pourrait même supplanter les sports traditionnels.
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